Le Grand Oral du baccalauréat : guide complet pour les élèves de Terminale
1. Présentation de l'épreuve
Contexte historique
Le Grand Oral a été introduit dans le cadre de la réforme du lycée lancée en 2018 par le ministère de l'Éducation nationale. Annoncé comme une « pierre angulaire » du nouveau baccalauréat, il a connu sa première session en juin 2021. Cette épreuve inédite remplace certains anciens oraux et vise à renforcer la place de l'oral dans le nouvel examen.
Raison d'être de l'épreuve
La finalité du Grand Oral est de travailler la prise de parole en public et l'argumentation des élèves. Jean-Charles Ringard, IGÉSR, décrit le Grand Oral comme « une des innovations du bac 2021 qui contribue à préparer la réussite des élèves sur des compétences utiles dans le monde d'aujourd'hui ». Le ministère indique en outre que cette épreuve « a été conçue pour permettre au candidat de montrer sa capacité à prendre la parole en public de façon claire et convaincante » et pour utiliser ses connaissances spécialisées à des fins argumentatives. Concrètement, elle encourage l'éloquence, la pensée critique et la faculté de structurer un discours convaincant à partir des enseignements suivis.
Objectifs pédagogiques
L'épreuve vise explicitement à développer plusieurs compétences orales : la qualité de la prestation orale (capacité à capter l'attention, à varier son discours), la prise de parole en continu (gestion du temps, ponctuation du discours, énoncé fluide), la maîtrise des connaissances (précision et mobilité des savoirs), la qualité de l'interaction (réactivité aux questions du jury, initiative dans l'échange) et la construction de l'argumentation (logique de démonstration, clarté du propos). Ces critères figurent explicitement dans les attendus officiels pour guider la préparation des candidats.
Modalités
L'épreuve se déroule en deux temps, pour une durée totalling 20 minutes d'examen et 20 minutes de préparation. Au début, le candidat présente deux questions qu'il a préparées avec ses professeurs, en lien avec les deux enseignements de spécialité suivis (prises isolément ou de façon transversale). Le jury en choisit une pour l'épreuve. Le candidat dispose alors de 20 minutes pour organiser ses idées. Il peut élaborer un support (notes, plan, schémas) qui l'aide à parler sans être lu au jury. Dans la première partie d'épreuve (10 minutes), le candidat, debout, expose la question choisie et y répond. Puis, pendant 10 minutes, le jury l'interroge pour approfondir sa réflexion ; cet échange évalue la solidité de ses connaissances et ses compétences argumentatives. La composition du jury est fixée à deux professeurs de disciplines différentes (dont au moins un issu des spécialités de l'élève).
Grille d'évaluation
L'épreuve est notée sur 20 points. La grille officielle indique que le jury valorise notamment la solidité des connaissances, la capacité à argumenter et à relier les savoirs, l'esprit critique, la précision de l'expression orale, la clarté du propos, ainsi que l'engagement et la force de conviction du candidat. Ces critères sont détaillés dans les documents officiels pour guider l'évaluation du jury.
2. Calendrier de préparation et checklist
La préparation du Grand Oral s'étale sur l'année de terminale (et débute même en première). Il est important d'élaborer un planning progressif. Voici un exemple de feuille de route avec les principales étapes et des conseils pour chacune :
Étape 1 : Choix des deux questions
- Pensez à votre projet personnel (liens avec ce que vous aimez ou souhaitez étudier)
- Sélectionnez des sujets faisables en 10 minutes d'exposé
- Formulez une problématique claire et ciblée
- Reliez vos questions aux programmes officiels
- Les questions sont-elles bien liées au programme de vos spécialités ?
- Chaque question est-elle assez précise et délimitée pour être traitée en 10 min ?
- Pensez-vous pouvoir défendre une réponse argumentative pour chaque question ?
- Avez-vous évité des sujets trop techniques ou trop étendus ?
- Au moins l'une de vos questions concerne-t-elle deux spécialités différentes (en bac général) ou une étude approfondie (en bac techno) ?
Étape 2 : Validation du sujet avec les enseignants
- Partagez vos idées avec vos professeurs de spécialité
- Soyez prêt à ajuster votre question en fonction de leurs remarques
- Notez leurs conseils lors de la validation
- Vos professeurs de spécialité ont-ils approuvé les deux questions ?
- Les questions correspondent-elles bien aux objectifs du programme ?
- Avez-vous été clair sur l\lniveau et le contenu demandé ?
- Les enseignants estiment-ils que vous pourrez argumenter et illustrer ces questions ?
Étape 3 : Élaboration du plan et structuration de l'exposé
- Définissez une introduction solide (accroche, problématique)
- Planifiez clairement votre développement (idées principales et sous-idées)
- Prévoyez des transitions pour enchaîner les points
- Concluez par une ouverture ou une synthèse
- Votre plan (introduction, parties, conclusion) est-il ordonné et logique ?
- Chaque idée principale est-elle définie clairement ?
- Vos transitions (connecteurs) sont-elles présentes pour lier les parties ?
- La conclusion répond-elle à la problématique et offre-t-elle une perspective ?
- Le plan tient-il compte des 10 minutes impartiess ?
Étape 4 : Recherche documentaire
- Collectez des sources fiables (manuels, sites officiels comme Eduscol, journaux périodiques)
- Notez des exemples concrets et statistiques en lien avec vos questions
- Organisez vos notes (fiches par idée)
- Préparez quelques citations ou références pertinentes
- Avez-vous utilisé des sources variées (articles, véritables bases de données) ?
- Les informations sont-elles à jour et exactes ?
- Les exemples choisis illustrent-ils bien vos propos ?
- Avez-vous bien noté d'où proviennent vos idées (titre, auteur, date) ?
- Les termes techniques ou concepts sont-ils expliqués simplement ?
Étape 5 : Préparation à l'oral
- Exercez-vous à articuler et à varier le ton (enregistrez-vous pour évaluer votre voix)
- Travaillez votre posture (ténu debout, regard vers le jury, gestes naturels)
- Gérez votre stress (exercices de respiration, répétitions devant miroir)
- Chronométrez vos présentations pour respecter le temps (simulez 10 min)
- Parlez-vous calmement avec un volume suffisant ?
- Votre voix évite-t-elle monotone ou trop rapide ?
- Vous tenez-vous droit et stable (pas de balancement) devant un public ?
- Regardez-vous l'auditoire et établissez-vous un contact visuel ?
- Gagnez-vous en aisance à chaque répétition ?
- Utilisez-vous un langage approprié et un vocabulaire varié ?
Étape 6 : Simulations et épreuves blanches
- Organisez des oraux blancs avec vos professeurs ou camarades
- Filmez-vous lors de la simulation pour observer votre posture et votre élocution
- Récupérez un retour constructif en utilisant la grille officielle comme base de notation
- Répétez jusqu'à l'aisance : chaque simulation révèle de nouveaux points à améliorer
- Les simulations respectent-elles les conditions réelles (temps, cadre) ?
- Avez-vous écouté les conseils et corrigé vos erreurs de discours ?
- Les simulations couvraient-elles toutes les questions préparées ?
- Vos proches ont-ils commenté votre expression orale et vos arguments ?
- Avez-vous révisé les sujets sur lesquels vous vous êtes senti le moins à l'aise ?
3. Conseils détaillés pour les élèves
Pour bien réussir, il est essentiel de comprendre les conseils suivants, tirés de bonnes pratiques observées lors de l'oral.
Regardez le jury et impliquez-le : maintenir un contact visuel avec le jury crée un espace d'échange et développe votre assurance. Au contraire, le fait de fuir le regard (regarder ses notes, le sol ou ailleurs) donne l'impression de repli sur soi. En souriant ou en hochant la tête lors des questions, vous consolidez la relation avec l'examinateur.
Maîtrise de la posture : tenez-vous droit, pieds stables, épaules légèrement en arrière. Évitez de gesticuler de manière envahissante ou, au contraire, de vous balancer sur place. Un candidat qui se tient assuré, utilise ses bras avec intention et varie l'intonation donne l'impression d'être passionné par son sujet.
Ne pas tout appréhender par cœur : mieux vaut partir d'une base (introduction bien apprise, mots-cléfs pour la suite) qu'un discours entièrement mémorisé. L'Etudiant recommande de ne retenir que la première phrase en tête et quelques mots-clés, ce qui permet de garder du naturel et de savoir improviser en cas d'hésitations. En cas de trou de mémoire, n'hésitez pas à demander au jury de reformuler la question ; c'est souvent toléré.
Gestion du temps : maîtrisez la durée de votre intervention en vous chronométrant lors des répétitions. Adapté à la durée réelle (10 minutes pour le début, plus 10 minutes d'échange), un bon présentant répartit clairement ses idées dans le temps. Les professeurs insistent sur le fait que chaque minute compte et que le jury note également la gestion du temps.
Réponses argumentées : lors de l'échange, formulez vos réponses sous forme d'arguments. Évitez le "oui/non" sans explication. Commencez vos réponses par un mot de liaison tel que "parce que" pour démontrer votre raisonnement. Par exemple, si on vous demande si une technologie est utile, répondez "Oui, parce que..." en donnant un exemple. Cela montre votre esprit critique et votre compréhension du sujet.
Utilisez vos notes intelligemment : les fiches autorisées doivent servir de repères (plan abrégé, mots-clés) et non d'œuvre à lire. Un examinateur averti conseillait de ne pas lire ses fiches mot à mot, mais de les utiliser comme balises pour éviter de perdre ses idées. L'objectif n'est pas de dicter un texte, mais de guider votre discours spontané.
Pour approfondir, consultez les ressources officielles : la page présentation du Grand Oral sur le site de l'Éducation nationale ainsi que les fiches pratiques de l'ONISEP qui donnent des conseils et un aperçu synthétique de l'épreuve.
4. Pour les parents, enseignants et accompagnants
Les adultes jouent un rôle essentiel de soutien tout en laissant l'élève autonome. Les enseignants de spécialité doivent guider l'élève dans le choix des questions et la construction des réponses, sans écrire à sa place. De même, les parents sont encouragés à créer un climat serein (pas de pressions excessives) et à organiser des oraux blancs réalistes. Prendre le temps d'écouter l'élève, de valider ses idées ou de lui poser des questions stimulantes peut être très utile.
Soutien sans faire à la place : le parent/enseignant peut suggérer des pistes (techniques de respiration, style de langage, posture), mais doit éviter d'imposer ses solutions. Comme le conseille un spécialiste, les exercices de visualisation et de respiration profonde sont efficaces pour gérer l'anxiété. Encouragez l'élève à s'échauffer la voix, à pratiquer devant un public amical (amis, famille) et à s'évaluer (se filmer) pour progresser.
Points de vigilance : Surveillez l'atteinte de quelques objectifs clés : le candidat doit respirer calmement, parler distinctement et être pleinement présent à l'oral. On rappelle que l'examen n'est pas une dictée : lire mot à mot son propos est à éviter. De même, adopter une posture à l'aise (pas de balancements fréquents, pas de croisement gênant) favorise la confiance. Les accompagnants doivent pointer avec bienveillance les erreurs classiques (monotonie, silence trop long, absence d'arguments) en s'inspirant de la grille officielle, sans porter de jugement définitif.
Epreuves blanches efficaces : Instaurer des oraux blancs en conditions réelles (10 min d'exposé + 10 min de questions) permet à l'élève de s'habituer à la situati on d'examen. Il est utile de le faire dev front d'un petit public ou d'enregistrer ces essais pour analyser ensuite sa gestuelle, son élocution et son argumentation. Enfin, au moment de l'évaluation, les adultes peuvent se fonder sur la grille indicative officielle : elle rappelle les critères à valoriser (connaissances, argumentation, expression, clarté, conviction) et aide à formuler un retour constructif (points forts et suggestions d'amélioration).
Ces conseils sont basés sur les textes officiels et l'expérience démontrée par les ressources pédagogiques (Eduscol, ONISEP) sur le Grand Oral du bac.